A l’occasion des 5 ans de « Deux points ouvrez les guillemets », je me suis prêtée à l’exercice de l’auto-interview. Se mettre dans la peau de l’interviewée pour rendre la pareille à toutes celles et tous ceux qui m’ont fait confiance en libérant leur parole. J’ai toujours essayé de la retranscrire le plus fidèlement possible, parce que chaque mot et chaque ponctuation comptent. Si toute mission commence inévitablement par une rencontre, avant même de rédiger un portrait, il est important d’apprendre à écouter activement ses interlocuteurs. Lectrice assidue, l’envie d’écrire a toujours été présente. Mais comment imaginer un jour en faire un métier ? J’ai créé « Deux points ouvrez les guillemets » en novembre 2017. Il y a 5 ans. Et il paraît qu’à l’âge de 5 ans on arrête de jouer à faire semblant…
« Deux points ouvrez les guillemets », un nom de marque prémonitoire ?
Oui, certainement. La ponctuation est tout aussi importante que les mots. Elle rythme les phrases et ajoute du sens aux textes, comme les smileys d’ailleurs. Mon logo est aussi un double sourire. « Deux points » fait également référence au web 2.0. Parce que l’essentiel de mon activité est quand même la rédaction SEO. Mais ce sont surtout des symboles d’ouverture aux autres et de précision dans la restitution de la parole confiée. Les symboles, c’est un peu mon fonds de commerce. D’ailleurs, depuis la fac et mes cours d’histoire de l’art et de sémiologie de l’image, j’ai toujours le dictionnaire des symboles à portée de main. Au cas où un albatros passerait par là :))
En créant « Deux points ouvrez les guillemets », je ne pensais pas prendre autant de plaisir à interviewer, à questionner des parcours professionnels qui sont finalement toujours intimement liés à la vie privée. Tout est question de déclic. Qu’est-ce qui fait que tout bascule, que l’évidence est là un beau matin ? C’est un peu ça l’enjeu pour écrire une bonne page « A propos », à l’heure du storytelling. Libérer la parole et la retranscrire le plus fidèlement possible, car chaque mot compte.
Un portrait que vous avez écrit et que vous aimez particulièrement ?
Tous sont attachants à partir du moment où les personnes s’ouvrent à vous et vous font confiance. Je leur en suis d’ailleurs très reconnaissante. On rentre vraiment dans leur intimité. Et parfois, tout se joue dans les dernières minutes de l’entretien. Il y a souvent des blocages à lever pour que les langues se délient et que les souvenirs remontent à la surface. J’ai parfois l’impression d’être une rédactrice-thérapeute :))
Prenons ce portrait d’un homme qui enlève son costume en rentrant du travail, comme son père enlevait son bleu de travail. A priori, rien ne le prédestinait à faire de « grandes études ». Mais à 16 ans, il part avec des amies découvrir l’énergie des grandes villes d’Israël et travailler en communauté dans un kibboutz. Un voyage qui a vraisemblablement bouleversé le cours de sa vie. Dans ce contexte, il a fallu trouver le ton et les mots justes, tout en abordant le sujet avec beaucoup de pragmatisme et de respect.
Une rencontre marquante ?
Question difficile. Il y en a eu beaucoup. Des femmes entrepreneures et engagées, des chefs d’entreprise, des chefs étoilés, une cheffe sommelière, une art-thérapeute, des artisans, des artistes, des personnalités « plurielles »… Je finalise actuellement la rédaction de deux magazines sur les stations de La Clusaz et de l’Alpe d’Huez. Ce sont près de 80 échanges avec des hommes et des femmes, tous acteurs et actrices de leur territoire. Des histoires de famille qui remontent parfois à 4 générations. Mais la plus belle rencontre est toujours celle à venir.
A quand l’écriture de textes plus personnels ?
Et bien j’y travaille, quand j’ai l’esprit un peu moins occupé par la vie des autres. Cet été, j’ai commencé à écrire un roman. Un long périple sur les traces d’Ulysse, après la visite de la Fondation Carmignac sur l’île de Porquerolles. Une quête d’identité qui me fait remonter le temps. Je vous ferai signe quand il sera terminé !