Seul Pouchkine ayant grâce à mes yeux, il était urgent de débusquer l’unique dépositaire du breuvage suprême, fût-il aller le trouver Outre-Rhône !
Et c’est à Carouge, tout près de la place du marché, que je dénichais, non pas le libraire spécialisé dans l’œuvre du poète-dramaturge-romancier, mais le marchand du thé tant aimé. Coïncidence troublante, j’entendis ce même jour, au détour d’une interview sur la RTSR, que Carouge – surnommée tendrement Carougeka par la communauté russe – a accueilli, au début du XXe siècle, de nombreux révolutionnaires en exil, dont le plus célèbre fut sans doute Lénine.
Ce dernier n’a matériellement pas eu l’occasion de rencontrer son compatriote Pouchkine, ni même goûter le thé qui lui rend hommage : si la maison Betjeman & Barton a été fondée en 1919 à Paris, le thé Pouchkine a quant à lui vu le jour dans les années 50. Concentré de goût russe aux sept agrumes, dont des huiles essentielles de bergamote et des écorces d’orange, cette composition jalousement conservée en lieu sûr, existe en version thé noir de Chine ou thé vert Sencha. Vous n’en saurez pas plus, le mieux c’est encore d’aller le déguster !
Rendez-vous donc à Carougeka, rue Saint-Joseph, tout près de Genève. Et profitez-en pour vous laisser surprendre par les soirées « Accords thés et fromages » organisées par la maîtresse des lieux, en compagnie d’un maître fromager, qui, sur son arbre perché, n’hésite pas à marier de force, mais pour le plaisir, des saveurs aussi énigmatiques que le « chasse vacherin cacao et hibiscus ».
Il n’aurait pas été d’un bon goût russe de s’en aller sans citer une petite mélodie de celui qui fut le prétexte à cette courte chronique carougeoise. 2 points ouvrez les guillemets :
« Le poète est un roi. Va, libre et solitaire vers ce qui, pour l’esprit, est enrichissement. »
Au poète ! Alexandre Sergueïevitch Pouchkine